Najah AlKontar
le 15 février 2024
Depuis une décennie que nous attendions ce moment historique, où les braves fils et filles de mon pays, les fils et filles de la Soueïda, du très fier “Jabal Al Arabe” se soulèveraient en une seule voix pour remettre la révolution sur sa véritable trajectoire. Cette grande révolution, l’orpheline, comme l’ont décrite avec sincérité certains écrivains et historiens.
Le soulèvement de la Soueïda, qui a jailli de ses racines, de son âme et de son cœur, a insufflé une nouvelle vie à la révolution bénie. Le voilà qui entre dans son septième mois.
Comme je suis contente des enfants de mon pays et de mes compatriotes libres, qui embellissent les places publiques par leur présence, qui nous font entendre leurs voix et leurs chants en exprimant leurs revendications. Leurs chants qui hurlent la liberté, et leurs magnifiques pancartes qui ornent les places publiques.
La vue des hommes et des femmes offrant l’hospitalité aux manifestants réchauffe le cœur, alors qu’ils servent des plats traditionnels, des fruits et du café en hommage à ces personnes libres présentes sur les places, qui réclament la liberté et la transition vers un État de citoyenneté et de loi, en arborant les bannières de solidarité, de fraternité et d’unité nationale qui représentent tous les Hommes libres de la Syrie. Un grand salut à eux, un salut de fierté et d’amour.
Comme j’aurais aimé être parmi eux et parmi les miens, le peuple de la “Montagne”, levant le « drapeau de la révolution », chantant et scandant avec eux: « Le peuple syrien est uni, la Syrie nous appartient et non à la famille Al-Assad, liberté pour toujours, malgré toi, Al-Assad… »
Ce drapeau, adopté en 1932 comme symbole de la première République syrienne, a été remplacé en 1958 après la déclaration d’unité avec l’Égypte. En 2012, les révolutionnaires syriens l’ont repris comme symbole de la liberté de la nation, de sa dignité, et de l’instauration de la justice et de la démocratie une fois les tyrans éliminés.
Je souhaite que cela se réalise, adressant mes appels et mes vœux pour soutenir ce soulèvement dans le pays ou à l’étranger, sur toute la géographie syrienne, du Sud, berceau des révolutions, jusqu’au Nord. Nous devons tous soutenir ce soulèvement en hommage à notre patrie, en hommage aux martyrs, aux détenus, aux déplacés et aux réfugiés dans les camps, ainsi qu’à ceux et celles qui sont morts ou disparus en mer.
Devant cette douleur et cette destruction totale qui ont frappé notre pays, il est impératif de se soulever contre ce régime, un soulèvement qui est devenu un devoir humanitaire, moral et national. C’est un devoir et une obligation pour tous les Syriens jusqu’à la libération.
Tout le monde sait qu’avant le soulèvement de la Soueïda nous vivions un vide politique
sans aucun espoir. Ce soulèvement nous a redonné espoir et envie d’une révolution, il a réveillé le combat politique pour la démocratie et la liberté.
Nous souhaitons que la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies soit mise en œuvre, cette résolution demande le départ du régime, la formation d’un gouvernement de transition composé de personnes non impliquées dans le bain de sang, l’établissement d’un État national démocratique et un d’État doté de lois justes pour tous les Syriens.
Nous espérons que la communauté internationale nous soutiendra et se tiendra aux côtés de la révolution et de tous les Hommes libres pour mettre en oeuvre cette résolution, qui mènera la Syrie vers un État démocratique, un État de droit, un État souverain, un État de justice et d’amour, où la Syrie appartiendra à tous les Syriens, sunnites, chiites, chrétiens, kurdes, alaouites, druzes, ismaéliens, et à toutes les religions et ethnies présentes sur son territoire.
Et de tout mon coeur je chante : “La Syrie appartient au peuple et non pas à la famille Al-Assad”* (ce chant est scandé depuis des années par les manifestants)