Étant membre de la famille de Samar, je voudrais parler de ma cousine Samar, qui était depuis son jeune âge brillante et pleine de joie, avec des yeux scintillant de passion et d’espoir. Là où Samar se trouvait, la joie de vivre était à son comble. Elle était aimée par sa grande famille et très appréciée à l’école. Elle se distinguait par son fort caractère, son indépendance et sa grande culture malgré son jeune âge.
Samar était la rebelle de sa ville conservatrice : elle refusait de porter le voile et était ainsi devenue le sujet de nombreuses discussions. Pourtant, beaucoup de ses camarades de classe l’enviaient pour son choix.
À l’université, avec sa beauté, son sourire et son éducation, elle ne passait jamais inaperçue. J’ai toujours admiré tout ce qu’elle faisait ; je trouvais qu’elle incarnait la féminité idéale. Chaque fois que je la croisais, un sourire illuminait mon visage, et j’étais fière de dire à mes amies que cette belle femme était ma cousine.
Une fois, j’ai assisté avec elle à un cours magistral pendant lequel elle a souligné une erreur dans l’appellation d’un site archéologique. Une longue discussion s’est engagée entre elle et le professeur, et elle s’est terminée par ce dernier lui donnant raison. Je suivais cette discussion avec fierté parce qu’elle était ma cousine. Nous avons de la chance, Samar, de t’avoir connue !
Lorsque la révolution a commencé, Samar était parmi les premiers militants. Elle était d’ailleurs la première femme à la tête d’une manifestation dans sa ville, Al-Atareb. Elle l’était également à l’université d’Alep. Elle a été emprisonnée à plusieurs reprises, mais elle est restée fidèle à ses convictions.
À la suite du déplacement massif des familles impactées par la révolution, Samar s’est engagée dans le travail humanitaire sous un nom d’emprunt, « Layla », car son engagement était considéré comme dangereux dans les quartiers sous contrôle du régime syrien.
Le 13 août 2013 est devenu un jour sombre à Al-Atareb. Samar était en compagnie de sa maman et d’un ami ; elle photographiait les dégâts causés par les bombardements du régime syrien lorsqu’un groupe armé l’a interpellée. Les hommes de ce groupe l’ont insultée et l’ont emmenée de force avec son ami dans leur voiture, ignorant les supplications et les hurlements de sa mère. Personne de sa ville ne s’est précipité pour les sauver.
Cet incident a brisé le cœur de tous ceux qui en ont entendu parler, et il a coïncidé avec l’arrestation de sa sœur aînée Mayssa dans les prisons du régime. Malgré les efforts de sa mère et de sa famille pour connaître son sort, ils n’ont obtenu aucune information à son sujet.
Samar a disparu, et depuis, la joie de vivre a disparu avec elle… Chaque fois que j’imagine ce que tu as dû ressentir à ce moment-là, ta déception envers les habitants de ta ville, mon cœur se brise de douleur.
Pardonne-nous, Samar, pardonne-nous parce que nous sommes incapables de faire quoi que ce soit pour toi, mis à part espérer que tu sois en sécurité. Quelle consternation de te perdre, laissant en nous une cicatrice indélébile nommée Samar.